Pbtq : Comment C. Lévi-Strauss dénonce-t-il le préjugé ethnocentrique qui procède, comme le racisme, de la négation de l’altérité ?
Rappelez-vous que la stratégie argumentative de C. Lévi-Strauss repose sur la réfutation de l’idée que certaines civilisations sont plus avancées que d’autres.
I. Le ton détaché et la démarche d’un scientifique
a. Des précautions rhétoriques : modalisations de l’incertitude « il semble que », « sans doute », « il est probable » l. 14 « paraît » l. 27, « semble » l. 25> un propos qui prétend être le plus juste et le plus objectif possible > démarche scientifique.
b. Peu d’implication de la part du locuteur mais une opinion affirmée :
c. Un travail qui s’appuie avant tout sur des exemples empruntés à l’observation
- Exemples à valeur d’argument historique et linguistique s’appuyant sur les archaïsmes, l’antiquité gréco-romaine puis la civilisation occidentale > insistance sur la chronologie au moyen du connecteur « ensuite » l. 13. On est presque dans le cadre d’arguments d’autorité.- Constats basés sur l’observation de l’anthropologue et de l’ethnologue qui analysent les mécanismes humains : travail de celui qui sait décrypter les comportements grâce à son bagage intellectuel et scientifique: « se dissimule » l. 14, « recèle » l. 20 (deux termes qui invitent à une étude de la part de l’auteur).Ø Le registre employé ici est très clairement didactique : le propos est modéré et cherche à enseigner en recourant aux données les plus objectives possibles.
II. Un texte à l’argumentation dense qui fait appel à la raison
a. Un raisonnement par étapes
b. Le recours à l’analogie
III. Une déconstruction de la notion de « barbarie », dénoncée comme terreau du racisme qui s’appuie sur
a. Un rejet des idées reçues
- Annoncé d’emblée par le connecteur logique d’opposition « pourtant » > mettre en valeur le regard nouveau porté sur le racisme comme révélation de la sauvagerie de celui qui l’exprime.- Étude de la « doxa » (opinion commune) et de l’attitude générale des hommes au moyen du pronom indéfini « on », de l’introduction de paroles rapportées au discours direct (l. 9-12) permettant d’établir une distinction entre ce qui est communément admis (et non pris en charge par l’auteur) et la thèse de Lévi-Strauss. D’ailleurs, les termes de « barbare » ou « sauvage » sont clairement mis à distance par l’auteur, soit qu’il les place entre guillemets (l. 9, 21) ou qu’il les intègre sous forme de complément du nom (« sous le nom même de barbare » l. 13) comme pour les placer sous contrôle.- Lévi-Strauss établit la définition et la délimitation du terme « barbare » de manière scientifique : il faut en passer par l’opposition entre nature et culture pour y parvenir > n’est barbare que ce qui est sauvage, de la forêt, appartenant au monde animal (analyse linguistique). Ce faisant, Lévi Strauss entend bien démontrer que l’utilisation du terme « barbare » tel qu’il l’a été depuis l’Antiquité gréco-romaine est une extension de sens abusive. Les oppositions réitérées entre nature et culture qui jalonnent ce passage appuient cette idée : « opposées » l. 15, « par opposition » l. 16.
b. Un renversement de l’opinion commune grâce au recours au paradoxe > texte qui fonctionne presque comme une provocation
c. Une réflexion sur les mécanismes du racisme
Ø comme phénomène commun qui renvoie à l’archaïsme de la société humaine :
- termes qui soulignent l’absence d’évolution : « grossier », « naïf » et à l’instinct > animalité de l’homme >< civilisation et humanité.- Usage des superlatifs qui accentuent l’archaïsme de cette attitude (« la plus ancienne » l. 6, « les plus éloignées » l. 9, « son plus haut développement » l. 25).Ø Une réflexion sur la norme et l’exclusion : chp lexical du rejet+ Usage des articles définis à valeur générique « la civilisation », « le terme », « les formes culturelles »Ø Conduit à déconstruire l’ethnocentrisme au profit du relativisme.
Texte qui est donc engagé mais qui propose une réflexion raisonnée et raisonnable autour de la notion de « barbarie » en la fondant sur l’ethnocentrisme et non sur sa réalité.
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